SOLEIL II : le super synchrotron français qui prépare la science de demain. Un géant de la lumière entre en transformation.
Dans un coin discret du plateau de Saclay, à Saint-Aubin dans l’Essonne, une révolution silencieuse se prépare. Le synchrotron français SOLEIL, l’un des instruments de recherche les plus avancés d’Europe, entame une transformation ambitieuse. Son nom : SOLEIL II. Derrière cette appellation poétique, se cache une mise à niveau technologique de très grande ampleur. Objectif ? Replacer la France à l’avant-garde mondiale dans le domaine de la lumière synchrotron, et offrir aux chercheurs des outils inédits pour comprendre la matière, le vivant, l’énergie ou encore le climat… à l’échelle atomique.
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Un projet titanesque, sur dix ans
Lancé en 2020, le projet SOLEIL II entre officiellement en phase de construction en 2025. Cette première étape durera six ans et impliquera l’installation de nouveaux accélérateurs, la création d’un nouvel anneau de stockage de particules, ainsi que l’adaptation d’une dizaine de lignes de lumière, ces « postes d’observation » où les expériences ont lieu. Viendra ensuite une fermeture complète de deux ans pour finaliser la transition. Le retour des scientifiques est prévu pour octobre 2030, avec une infrastructure totalement repensée.
Une seconde phase, baptisée « Vers la pleine performance », permettra par la suite de moderniser les 19 autres lignes de lumière, consolidant ainsi la capacité d’accueil et la polyvalence de la plateforme.
Mais au fait, c’est quoi un synchrotron ?
Un synchrotron est un accélérateur de particules qui génère une lumière extrêmement intense en forçant des électrons à tourner à très haute vitesse dans un anneau. Cette lumière synchrotron, qui couvre tout le spectre électromagnétique (des infrarouges aux rayons X durs), est ensuite utilisée pour explorer la structure intime de la matière. On peut ainsi observer les atomes dans des protéines, étudier des matériaux nanométriques, analyser des polluants ou comprendre les mécanismes de corrosion dans des turbines industrielles. Chaque année, près de 3000 scientifiques — dont 65 % issus de laboratoires français — viennent exploiter les faisceaux lumineux de SOLEIL.
Des performances décuplées pour la recherche française
Avec SOLEIL II, les performances de l’installation vont faire un bond en avant. Les nouvelles lignes permettront de mener des expériences jusqu’à 10 000 fois plus rapides, avec une résolution bien supérieure. Cela signifie des temps d’acquisition drastiquement réduits, une meilleure précision, et la capacité d’observer des phénomènes ultrarapides jusque-là inaccessibles. Matériaux quantiques, biomolécules, batteries du futur, climat, catalyse verte, traitement des cancers… tous ces domaines bénéficieront des nouveaux outils que SOLEIL II offrira.
Une machine de lumière… pensée pour être économe
Dans un contexte où la recherche scientifique doit aussi penser son empreinte écologique, SOLEIL II intègre une vision durable. La nouvelle génération de l’anneau sera dotée d’aimants permanents en lieu et place des électroaimants traditionnels. Cette technologie, en plus d’être plus compacte, permettra de réduire significativement la consommation d’électricité. En parallèle, des réflexions sont menées sur le recyclage de la chaleur générée, la sobriété énergétique globale de l’infrastructure et l’optimisation de la maintenance.
Un projet qui dépasse les frontières
Bien qu’ancré sur le territoire français, SOLEIL II s’inscrit dans une dynamique européenne et internationale. Il complète d’autres installations majeures comme l’ESRF à Grenoble ou le synchrotron MAX IV en Suède. À travers ce projet, la France confirme son rôle de moteur dans la science ouverte, en offrant un accès élargi à la communauté scientifique internationale. Des équipes venues d’Italie, d’Allemagne, du Canada ou du Japon utilisent régulièrement les installations de SOLEIL, et cette tendance ne fera que s’accentuer avec les capacités nouvelles de SOLEIL II.
La lumière de demain se construit aujourd’hui
SOLEIL II n’est pas qu’un projet de rénovation. C’est une réinvention. Une promesse de science plus rapide, plus précise, plus responsable. Alors que le monde fait face à des défis technologiques, médicaux et environnementaux inédits, des infrastructures comme SOLEIL II seront des piliers essentiels pour produire la connaissance dont nous avons collectivement besoin. C’est en investissant dans ces machines du savoir que la France prépare, en silence mais avec ambition, un avenir éclairé.
