ZF dévoile un moteur électrique sans aimants ni terres rares : une avancée décisive pour l’avenir de la mobilité durable
Dans un monde en quête de solutions plus écologiques et indépendantes des ressources critiques, l’équipementier allemand ZF vient de présenter une innovation qui pourrait bien marquer un tournant décisif pour l’industrie automobile. Son nouveau moteur électrique, baptisé I2SM, fonctionne sans aimants ni terres rares deux éléments au cœur des préoccupations environnementales et géopolitiques. À l’heure où la mobilité électrique s’impose comme norme, ce moteur arrive à point nommé.
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Pourquoi cette innovation est une rupture majeure
Jusqu’à présent, la quasi-totalité des véhicules électriques utilisaient des moteurs synchrones à aimants permanents (PSM), gourmands en terres rares telles que le néodyme ou le praséodyme. Si ces matériaux sont essentiels pour obtenir des performances élevées et une compacité optimale, leur extraction est extrêmement polluante, énergivore, et très largement concentrée en Chine, créant une dépendance stratégique massive.
Avec le moteur I2SM (Inductive Inverter Synchronous Motor), ZF propose une technologie capable d’égaler les performances des moteurs actuels tout en éliminant cette dépendance aux matériaux critiques. C’est à la fois un geste pour la planète et un pari sur une indépendance industrielle plus robuste pour l’Europe et ses partenaires.
Le cœur de la technologie I2SM : ni balais, ni contacts, ni aimants
Le moteur I2SM repose sur le principe du moteur synchrone à excitation séparée (SESM), mais avec une avancée majeure : il utilise un système d’excitation inductive intégré dans l’axe du rotor. Concrètement, cela signifie que l’énergie est transmise au rotor sans aucun contact physique. Pas de balais, pas de frottement, pas d’usure mécanique… et surtout, aucun aimant permanent.
Ce système permet de générer un champ magnétique avec précision et efficacité, tout en assurant un refroidissement performant par huile et une compacité comparable à celle des moteurs classiques à aimants. Le résultat : un moteur plus simple à produire, moins polluant à fabriquer, et tout aussi performant à l’usage.
Des bénéfices environnementaux concrets
Selon ZF, l’adoption de ce moteur permettrait de réduire jusqu’à 50 % l’empreinte carbone liée à la production de la motorisation électrique, en supprimant les étapes d’extraction et de traitement des terres rares. De plus, les pertes d’énergie en fonctionnement sont réduites de 15 %, améliorant ainsi l’autonomie globale des véhicules équipés.
À l’échelle mondiale, cela pourrait représenter une réduction significative des impacts environnementaux de la filière VE, tout en rendant leur production plus durable, éthique et économiquement viable à long terme.
Un message fort face à la domination chinoise
La Chine contrôle plus de 80 % de la production mondiale de terres rares. Cela pose un double problème : d’une part, l’Europe et les États-Unis restent dépendants d’un seul fournisseur stratégique pour un élément clé de leur transition énergétique ; d’autre part, les tensions géopolitiques rendent cet approvisionnement instable et vulnérable.
En développant un moteur totalement affranchi de ces matériaux, ZF envoie un message clair : il est possible de se libérer de cette dépendance. L’innovation devient ici un levier de souveraineté industrielle et énergétique, au-delà même de la seule performance technologique.
Des applications concrètes dès les prochaines années
Le moteur I2SM n’est pas une simple vitrine technologique. ZF prévoit déjà son intégration dans ses plateformes de propulsion électrique, aussi bien pour les voitures particulières que pour les véhicules utilitaires. Ce moteur pourrait donc équiper des modèles de série dès les prochaines années, accélérant une révolution déjà bien entamée dans le secteur automobile.
Ce type de solution pourrait également inspirer d’autres industries, comme celle de l’éolien, également dépendante des terres rares, ou encore les transports en commun électriques, où la durabilité et la maintenance à long terme sont des enjeux cruciaux.
Vers une mobilité vraiment durable
Le moteur I2SM de ZF marque un tournant dans la course à la décarbonation du transport. Non seulement il résout une faille écologique majeure des véhicules électriques actuels, mais il propose aussi une réponse géopolitique audacieuse aux enjeux de souveraineté industrielle. Plus qu’un moteur, il représente une nouvelle philosophie de l’innovation : performante, propre, et libérée des contraintes du passé. Dans un monde qui cherche à concilier efficacité, écologie et indépendance, ce moteur pourrait bien devenir une nouvelle norme.