HarmonyOS passe du smartphone au PC : une rupture majeure, assumée
Ce n’est plus un prototype. Ce n’est plus un test. Huawei vient de présenter un ordinateur finalisé tournant entièrement sous HarmonyOS, son propre système d’exploitation développé depuis 2019. Ce premier PC, le MateBook X Pro 2024, inaugure une nouvelle ère pour le constructeur chinois. Après avoir rompu avec Android dans le mobile, Huawei officialise maintenant son divorce avec Windows dans l’univers du PC. L’annonce, faite en toute sobriété, marque pourtant un tournant stratégique : la création d’un écosystème complet, cohérent et indépendant, maîtrisé de bout en bout par l’un des géants technologiques les plus surveillés au monde.
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Un OS distribué, fluide, pensé pour la continuité entre appareils
L’ambition de Huawei dépasse largement la simple alternative. HarmonyOS PC ne cherche pas à copier Windows ou à faire tourner des applications Android déguisées. Il repose sur une architecture distribuée, capable de relier tous les appareils Huawei dans un environnement fluide : un compte unique, une continuité de tâches, un partage de contenu sans friction.
Il devient possible de commencer une action sur smartphone, de la poursuivre sur tablette, puis de la finaliser sur PC sans conversion ni application tierce. Le clavier peut piloter plusieurs écrans, et les fichiers se transfèrent à la volée. C’est une vision d’écosystème que seul Apple avait jusque-là maîtrisée à ce niveau Huawei veut l’intégrer comme standard.
HarmonyOS Next : performant, mais fermé et non rétrocompatible
La nouvelle version baptisée HarmonyOS Next introduit une refonte complète de l’interface et de la structure du système. Inspiré de macOS, le système affiche une barre de raccourcis logiques en bas de l’écran, une IA native baptisée Celia capable de créer des documents, et une optimisation avancée pour les appareils récents. Mais cette montée en puissance s’accompagne de limitations notables. L’OS n’est compatible qu’avec les PC les plus récents de Huawei et ne peut pas être installé sur les anciens modèles.
De plus, le système ne permet pas l’installation manuelle de logiciels (sideloading) : tous les programmes doivent passer par l’AppGallery maison. Une décision radicale, perçue comme un moyen d’encadrer l’écosystème et de réduire la dépendance aux services occidentaux.
Un pari assumé sur la souveraineté numérique chinoise
HarmonyOS Next est clairement pensé pour le marché chinois, avec une base logicielle adaptée aux usages locaux : WPS Office, Tencent Video, QQ Music, DingTalk ou encore Sanguosha. Cette logique fermée n’est pas une faiblesse stratégique dans ce contexte. Elle reflète un choix politique : offrir une solution complète, nationale, de la puce à l’interface. L’absence de compatibilité descendante ou d’ouverture au sideloading n’effraie pas une clientèle déjà habituée à un écosystème contrôlé. Huawei cherche à verrouiller sa chaîne logicielle autant que matérielle, en misant sur la fluidité, la sécurité, et la cohérence interne plutôt que sur l’ouverture universelle.
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Un lancement en Chine, mais un message au monde entier
La première commercialisation du PC HarmonyOS est prévue pour le 19 mai 2025, uniquement en Chine. Aucun plan d’export n’a été évoqué, et pour cause : les applications, les services, l’infrastructure sont encore ancrés dans l’environnement numérique chinois. Pourtant, le message est international. Pour la première fois, une grande puissance technologique introduit un système d’exploitation propriétaire, sur PC, sans dépendance à Windows, et sans compromis sur sa feuille de route. Ce choix n’est pas seulement un acte industriel, c’est une déclaration d’indépendance numérique.
Si HarmonyOS s’impose dans son marché domestique, l’idée d’un monde PC post-Windows pourrait devenir bien plus concrète qu’elle ne l’a jamais été.
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