Ford annonce une batterie révolutionnaire pour ses voitures électriques… mais sans calendrier ni chiffres
Le constructeur américain Ford vient de présenter une batterie de nouvelle génération qui pourrait changer la donne dans l’univers de la voiture électrique. Surnommée LMR, pour « Lithium Manganese Rich », cette technologie maison promet à la fois sécurité, autonomie, performance… et prix réduit. Le tout, développé en interne par le centre d’excellence de Ford dans le Michigan. Sur le papier, tout est là. Mais dans les faits, rien n’est encore prouvé.
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Une batterie 100 % Ford, conçue par un bataillon de chercheurs et chimistes
La nouvelle a été partagée par Charles Poon, directeur de l’ingénierie des motorisations électrifiées de Ford, sur son profil LinkedIn. Il y décrit l’effervescence du Battery Center of Excellence, où 135 ingénieurs, chimistes et scientifiques planchent sur une chimie riche en manganèse, censée concurrencer les solutions actuelles du marché. L’objectif est clair : concevoir une batterie stable, durable, puissante… mais surtout moins chère à produire que les cellules NMC ou NCA utilisées actuellement.
Stabilité, autonomie et réduction de coûts : la batterie Ford veut tout faire mieux
Dans sa publication, Charles Poon affirme que la technologie LMR combine plusieurs atouts rarement réunis jusqu’ici :
– Une stabilité thermique et une sécurité comparables aux batteries LFP, reconnues pour leur robustesse ;
– Une densité énergétique “à la pointe de l’industrie”, pour booster l’autonomie ;
– Une baisse de coût “sans précédent” par rapport aux technologies à base de nickel-manganèse-cobalt.
Autrement dit, Ford promet la batterie idéale : performante, stable, économique. Mais ce qui manque cruellement pour l’instant… ce sont les chiffres.
Des promesses sans données : encore trop tôt pour s’enthousiasmer ?
Pour l’instant, aucun document technique, aucun chiffre de performance, aucun test d’autonomie ou de vitesse de recharge n’a été communiqué. Ford annonce que des précisions arriveront “bientôt”, mais n’avance aucune date concrète. Et si cette technologie semble déjà passer en phase pilote, elle n’équipera aucune voiture de série avant plusieurs années.
Ford vise la fin de la décennie pour ses premières voitures LMR
Ford ne parle pas d’un concept en laboratoire. Selon son ingénieur en chef, la production de cellules LMR de seconde génération a déjà commencé dans une usine pilote. L’objectif annoncé est d’intégrer cette technologie à une voiture électrique Ford avant la fin de la décennie, soit d’ici 2030.
Un pari technologique risqué, dans un contexte industriel sous tension
La communication de Ford intervient dans un climat tendu pour l’industrie des batteries. En Europe, la montée en puissance des usines de production se heurte à de nombreux obstacles : difficultés financières (comme la faillite de Northvolt), retards d’industrialisation (à l’image du projet ACC en France), et incertitudes sur les matières premières. Développer une nouvelle chimie est une chose, la produire à grande échelle à un coût compétitif en est une autre.
Une annonce stratégique pour Ford, en difficulté sur l’électrique
Ce projet de batterie maison s’inscrit aussi dans une volonté stratégique plus large. Ford perd actuellement jusqu’à 48 600 $ par véhicule électrique vendu, selon ses propres chiffres. Miser sur une batterie propriétaire pourrait permettre à la marque de réduire sa dépendance à ses fournisseurs externes, de reprendre le contrôle sur ses coûts et d’inverser la tendance économique.
De l’audace, de l’espoir… mais encore aucune preuve
L’initiative de Ford est ambitieuse, et les promesses de la batterie LMR sont séduisantes. Mais sans résultats concrets, sans prototypes testables, et sans calendrier précis, il est encore trop tôt pour parler de révolution. La communication est bien rodée, mais les défis industriels, techniques et logistiques restent immenses. L’histoire de l’électrique montre qu’entre le laboratoire et le showroom, il peut y avoir un gouffre.